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Mauritanie : une première stratégie de recherche et d’innovation pour mieux répondre aux enjeux socio-économiques du pays

Des recommandations politiques clés ont été remises au gouvernement mauritanien afin d’élaborer une stratégie faisant de la recherche et de l’innovation un vecteur de développement durable. Elles découlent du service du mécanisme de soutien aux politiques (MSP) de R&I de l’OEACP, sollicité par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à travers l’Agence Nationale de la Recherche Scientifique et de l’Innovation.

 

Près d’une soixantaine de représentants nationaux et internationaux de haut niveau ont participé le 16 décembre 2021 en mode hybride (à Nouakchott et en partie virtuelle) à la cérémonie clôturant le service en Mauritanie du MSP, mis en œuvre par l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) et financé par l’Union européenne (UE).

Parmi eux, des parties prenantes clefs du système national de R&I et des hauts fonctionnaires – dont la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministre de la Transition numérique, de l’Innovation et de la Modernisation de l’administration, des présidents d’université, des dirigeants d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche, des responsables du secteur privé-, ainsi que les représentants du Secrétariat de l’OEACP, et de la Délégation de l’UE en Mauritanie.  

Dans sa présentation, le Professeur Ahmedou Haouba a synthétisé le rapport de recommandations politiques réalisé entre juillet et décembre 2021 par le panel d’experts internationaux qu’il a présidé.

Les 20 recommandations pour élaborer une stratégie inclusive de R&I (2022-2026) visant à faire de la recherche et de l’innovation « un levier de transformation économique et sociale, de création de valeur et d’emplois, d’impulsion de la croissance et du bien-être social », portent sur 6 domaines d’action : 

  • Un renforcement du dispositif de gouvernance du système de R&I, s’appuyant sur le Haut Conseil de la recherche scientifique et de l’innovation (HCRSI), l’ANRSI et l’Autorité mauritanienne d’assurance qualité de l’enseignement supérieur (AMAQ-ES).
  • Une augmentation substantielle du budget alloué à la R&I (viser entre 0,3 et 0,6% du PIB d’ici 2026, contre 0,1% actuellement), associée à l’optimisation des procédures de financement de la recherche (programme pluriannuel de R&I -PPRI, projets compétitifs, etc).
  • Un investissement inclusif en capital humain, pour mobiliser les compétences et les savoirs nécessaires, y compris autochtones, sur les priorités de la R&I : création d’un « espace de recherche mauritanien », mobilisation de la diaspora, valorisation du métier de chercheur, formations de masters et doctorats associées aux clusters et centres sectoriels d’excellence…
  • La création de pôles d’excellence de recherche, dotés d’équipements haut de gamme.
  • Une meilleure synergie entre la R&I et l’environnement productif et sociétal (programme pluriannuel de soutien à l’innovation-PPSI, appui au dispositif d’incubation et d’émergence de startups, rôle accru des grandes entreprises en R&I, commande publique de produits ou services innovants, incitation à l’exportation de produits locaux avec une plus forte valeur ajoutée).
  • Un renforcement de la coopération internationale pour soutenir la réforme du système national de R&I, et le connecter davantage au reste du monde.

Le Dr Norbert Richard Ibrahim, Sous-secrétaire général chargé du Département des Questions politiques et du Développement humain de l’OEACP, a rappelé au cours de son allocution que « le développement et l’opérationnalisation effective de la stratégie de recherche et d’innovation nécessitent la coopération de toutes les parties prenantes », tout en ajoutant « jusqu’à présent, nous avons été très impressionnés par la collaboration exceptionnelle de tous les acteurs nationaux. »

Dans son intervention, Mme Madeleine Onclin – Chef du secteur Croissance inclusive et durable de la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie, a souligné la nécessité d’une bonne appropriation du rapport par les autorités nationales : « Le budget de mise en œuvre de la stratégie de R&I représente une somme assez conséquente-environ 45 millions d’euros- et une contribution substantielle de la part du gouvernement mauritanien sera indispensable. » Néanmoins, elle a également insisté sur l’importance de la coopération internationale et d’un recours aux partenaires techniques et financiers pour soutenir les filières de R&I identifiées comme prioritaires dans le rapport (agriculture et élevage, énergies renouvelables, produits de la mer…).

Mme Amal Sidi Cheikh Abdallahi, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a conclu l’événement final en rappelant que l’Etat mauritanien accordait une grande attention à la recherche scientifique et à l’innovation, « qui s’est concrétisée ces deux dernières années par la création de plusieurs institutions clefs de R&I », et la stratégie nationale de recherche et d’innovation contribuera à renforcer la performance de ce secteur, crucial pour l’avenir du pays.

Cet événement final du service MSP marque une étape importante pour le Secrétariat de l’OEACP dans ses efforts pour soutenir l’amélioration des systèmes de R&I des pays ACP.