Etat des lieux de la R&I dans les pays ACP

Un nombre croissant de pays ACP reconnaît la nécessité d’investir davantage dans la recherche et l’innovation (R&I), pour en faire un levier de la croissance économique et du développement durable. Toutefois, en raison de diverses conditions structurelles telles que l’absence de stratégies nationales de R&I, les possibilités limitées de coopération entre les chercheurs de la région et la participation minime du secteur privé, la R&I a eu jusqu’à présent peu d’impact dans la plupart des pays ACP (CE, 2018). 

Les dépenses mondiales de R&D sont en hausse, mais de fortes disparités subsistent

Les dépenses mondiales en recherche et développement (R&D) sont en hausse, avec un total de 1700 milliards de dollars US et une moyenne d’environ 1,8 % des dépenses du produit intérieur brut (PIB), selon les estimations de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) publiées en 2020.  

Au niveau ACP, si la moyenne de la région Pacifique est comparable à la moyenne mondiale, les moyennes régionales pour l’Afrique (environ 0,38 %) et les Caraïbes (environ 0,35 %) restent nettement inférieures, bien en deçà de l’objectif de 1 % fixé par le Conseil exécutif de l’Union africaine en 2006. En outre, la participation du secteur privé aux dépenses de R&D est encore limitée.

Davantage de chercheurs et de publications des pays ACP au cours de la dernière décennie

En termes de ressources humaines, la proportion des chercheurs a augmenté dans le monde, et les pays ACP représentent désormais plus de 1 % du total des chercheurs, selon des données récentes de l’ISU. Cependant, la majorité des chercheurs des pays ACP (74 %) sont originaires de quelques pays, à savoir l’Afrique du Sud (27,3 %), le Kenya (20 %), le Nigéria (11 %), l’Éthiopie (10,1 %), et le Sénégal (5,5 %). Dans les pays ACP, comme dans les pays les plus avancés en termes d’innovation, les femmes sont sous-représentées parmi les chercheurs. En effet, les chercheurs  sont en moyenne 4 fois plus nombreux que les chercheures.

En ce qui concerne les publications, la plupart des régions ACP ont amélioré au cours de la dernière décennie l’impact relatif des citations de leurs recherches, mais elles représentent toujours moins de 1 % des publications mondiales. Parmi ces publications, 70 % proviennent de chercheurs issus de 5 pays ACP – – l’Afrique du Sud à elle seule représentant 40 % de ces publications.

Les dépôts de brevets dans les pays ACP ont augmenté, en particulier depuis le milieu des années 1990, et les brevets des pays ACP représentent aujourd’hui environ 2 % des brevets enregistrés dans le monde. Néanmoins, 90 % de ces brevets proviennent de seulement 5 pays ACP – dont l’Afrique du Sud qui à elle seule en représente 80 %.

La R&I, un moteur de compétitivité: l’indice de compétitivité mondiale

Malgré le réservoir croissant de connaissances techniques, la plupart des pays ACP n’ont pas été en mesure de tirer parti de ce stock de connaissances pour rattraper durablement les économies plus avancées. Dans son indice de compétitivité globale 2019, le Forum économique mondial a classé 141 pays sur la base de certains indicateurs nationaux de compétitivité évaluant leur structure institutionnelle, leurs politiques et d’autres éléments déterminant leur niveau de productivité et leur croissance continue1. À la 60ème place, l’Afrique du Sud est le pays le mieux classé de tous les pays ACP dans cet indice, suivie des Seychelles (76ème)., puis de plusieurs États des Caraïbes (Barbade, République dominicaine, Trinidad et Tobago et Jamaïque). Viennent ensuite le Botswana (91 ème), la Namibie (94 ème), le Kenya (95 ème) et le Rwanda (100 ème).


Aperçu de l'état de la R&I dans les pays ACP

 

1. Commission européenne, Feuille de route pour la coopération S&T entre l’UE et l’Union africaine, Bruxelles, 2018
2. Institut de statistiques de l’UNESCO. Dépenses de R & D. 2020 : http://uis.unesco.org/apps/visualisations/research-and-development-spending/