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Les mouvements de femmes impliquées en STI sur le continent africain : quels sont les bons instruments de soutien politique ?

Organisée le 9 décembre par la Plateforme de collaboration scientifique Afrique-Europe (AERAP), cette session virtuelle a été l’occasion de donner plus de visibilité à ces initiatives et de relayer leurs recommandations sur la manière d’améliorer le statut des femmes africaines dans les sciences.

 

Cette réunion s’inscrivait dans le cadre d’une table ronde de deux jours organisée par l’AERAP pour examiner la contribution de la science aux priorités du prochain sommet UE-Afrique (février 2022), en tant qu’aspect essentiel des relations et des collaborations entre l’UE et l’Afrique dans le contexte des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.

De nombreuses associations de femmes africaines dans le domaine des sciences ont vu le jour ces dernières années, principalement composées de bénévoles et fonctionnant avec très peu de fonds. Elles visent à remédier à l’écart entre les sexes et à ses multiples raisons (pauvreté et manque d’accès à l’éducation, contraintes sociales, préjugés et croyances culturelles, etc.), par le biais de diverses activités (mise en réseau, mentorat, modèles inspirants, forums de discussion, événements scientifiques, etc.). La plupart des pays africains comptent moins de 25 % de femmes scientifiques et ce chiffre est encore plus faible dans les domaines des STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). Les femmes sont confrontées à un problème de  “tuyaux percés” en matière de promotion, à un “plafond de verre” pour accéder à des postes de direction influents, et à des taux très faibles de publications et de succès pour obtenir des subventions octroyées par voie de concours (des taux qui ont encore considérablement diminué depuis le début de la pandémie de COVID).

 

Au cours de cette session virtuelle,, Aster Tsegaye (Society of Ethiopian Women in Science and Technology – SEWiST), Sophie Dabo-Niang (African Women in Mathematics Association – AWMA), Suereta Fortuin (South African Women in Science and Engineering – SA WISE), Somaya Saad (African Network of Women in Astronomy – AfNWA), Marie Chantal Cyulinyana (Rwandan Association of Women in Science and Engineering – RAWISE), Ezzoura Errami (African Association of Women in Geosciences – AAWG), Tana Joseph (Astronomy in Colour), Rajaa El Cherkaoui (Network of African Science Academies – NASAC), Jennifer Thomson (Organisation for Women in Science for the Developing World -OWSD), Anissa Belfetmi et Sabrina Absalon (Algerian Woman in Science – ALWIS), et Iroka Chi inma Joy (African Strategy – Women in Physics Forum) ont présenté leurs associations/initiatives, objectifs, défis, besoins et recommandations.

Des recommandations clés ont émergé de toutes ces présentations, notamment :

  • Une meilleure implication des sciences sociales et humaines pour fournir des chiffres, des statistiques et des rapports, afin de réussir dans les domaines STEM, car comme l’a expliqué une participante, Fairouz Malek (directrice de recherche au CNRS et cofondatrice de Parité Science, France), “seuls les chiffres parlent, et si nous n’avons pas de chiffres, nous ne pourrons pas progresser”.
  • L’engagement actif de la diaspora, un “gain de cerveaux” de femmes scientifiques mis en évidence par Aster Tsegaye, qui pourraient être utilisés comme mentors, modèles, etc.
  • Une discrimination positive pour égaliser les chances, en commençant par un investissement majeur dans les femmes, notamment dans les programmes scientifiques, technologiques et d’innovation liés aux ODD, l’attribution de prix et de subventions, et des mesures spécifiques telles que la suppression des limites d’âge pour obtenir des bourses et des subventions afin de tenir compte des interruptions de carrière des femmes pour élever leurs enfants. Cette discrimination positive n’exclut pas la nécessité d’impliquer l’ensemble de la société et de toucher davantage la population masculine afin qu’elle soit plus solidaire des actions menées par les femmes. 
  • L’union faisant la force, les efforts devraient être unifiés (sous l’égide de l’Union africaine, une organisation plus officielle, a suggéré Errami Ezzoura).

 

Prochaine étape, ces associations (et d’autres susceptibles de les rejoindre) travailleront avec la sous-commission de l’AERAP sur les femmes dans la science, la technologie et l’innovation sur un bref ensemble de recommandations aux décideurs politiques pour le sommet UE-UA prévu les 17-18 février 2022.

Il y a un besoin urgent de changement ! Si l’on ne donne pas aux filles et aux femmes les moyens d’agir dans le domaine scientifique, et si l’on ne donne pas aux femmes des chances égales de poursuivre et de s’épanouir dans les carrières STEM, le monde perdra un énorme potentiel qui pourrait profiter à la société et contribuer à atteindre les ODD de l’ONU.

Restez à l’écoute, nous vous donnerons bientôt le lien vers l’enregistrement de l’événement !