Les projets soutenus par le Fonds ACP pour l’innovation commencent à produire des résultats tangibles. L’occasion de dresser un petit bilan à mi-parcours de leurs résultats.
Rappelons le contexte de leurs interventions. Dans un monde en mutation rapide, la recherche et l’innovation (R&I) sont reconnus par les 79 pays membres de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique comme des moteurs essentiels de développement durable. Elles peuvent fournir des éléments probants pour la prise de décision, créer des connaissances exploitables, trouver des solutions innovantes à des défis urgents (changement climatique, insécurité alimentaire, énergétique et hydrique, épidémies, etc.), accélérer la croissance et la transition verte, et réduire la pauvreté. Mais pour qu’elles soient déployées à un rythme plus rapide, à une plus grande échelle et avec un impact plus important là où elles sont le plus nécessaires, il faut un changement radical dans la manière dont elles sont menées, exploitées et financées.
Trop souvent les chercheurs, les universitaires, les entités publiques, les entreprises et les organisations de la société civile travaillent en vases clos, ce qui limite leur potentiel d’innovation et de réponse aux besoins réels de la société. Trop souvent encore, la mobilisation de ressources adéquates pour les efforts de R&I reste un défi (moins de 1% du Produit Intérieur Brut (PIB) alloué à la R&D dans de nombreux pays ACP). Les produits issus de la recherche et de l’innovation sont encore trop peu protégés (ex. l’Afrique détenait 0,2 % des brevets dans le monde en 2018 – African Academy of Sciences (AAS) et insuffisamment valorisés, même s’il faut souligner des réussites notables de valorisation, notamment en Afrique, dans des secteurs tels que la banque mobile, les énergies renouvelables, les technologies de la santé et l’agro-industrie.
Ce contexte donne toute leur importance aux 12 projets financés par le Fonds ACP pour l’Innovation. Avec plus de 70 projets-tiers, ils mettent en œuvre des solutions concrètes sur le terrain pour favoriser un environnement propice à la R&I, et doper l’innovation. Et ils ont déjà à leur actif des résultats intéressants.
Mieux appréhender les écosystèmes de recherche et d’innovation
|
- Plus de 30 cartographies, d’études et de publications ont été réalisées, que ce soit pour mieux connaître les acteurs, résultats et besoins de la recherche et de l’innovation dans certains pays (Togo, Bénin, Burkina Faso, Etat de la R&I pour le développement durable au Cameroun et en RDC) , appréhender les écosystèmes des technologies numériques utilisées dans l’agriculture dans 5 pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana et Nigeria) , identifier les parties prenantes à impliquer pour favoriser l’approche Une seule Santé dans 11 pays d’Afrique orientale et australe), mieux connaître les déterminants du non-recours aux Droits de Propriété Intellectuelles et de la faible valorisation des résultats de la Recherche Innovation, intégrer la dimension de genre dans l’agriculture, identifier des savoirs locaux et autochtones capables de produire des solutions adaptées aux réalités locales, etc.
Renforcer les capacités des acteurs de la R&I |
- Plus de 10000 personnes ont été formées (en présentiel et en ligne) sur des thématiques très variées : protection intellectuelle, valorisation des résultats de la R&I, création et gestion d’entreprises, métiers et technologies de l’environnement, utilisation d’outils numériques, concept ‘Une seule santé’, amélioration des pratiques agricoles, etc.
- 150 entrepreneurs et innovateurs sont incubés dans des secteurs très variés (agriculture, agroalimentaire, santé, cosmétique, construction écologique, énergie, gestion et valorisation des déchets, etc.). Certains d’entre eux bénéficient déjà de fonds d’amorçage ou de financements pour des prototypes (ex: fours-ménagers ou route de 50 m de long en matériaux locaux-substitution au bitume, salle de classe intelligente, etc.).
- Une douzaine de lieux ou plateformes d’apprentissage ont été mis en place, pour accélérer les transferts de connaissance (dont 8 fermes modèles).
Favoriser les synergies entre les différents acteurs de la R&I
|
- 13 espaces d’innovation et de transfert de technologie ont été créés (tiers-lieux physiques, Fab labs, incubateurs, etc.) pour donner un coup d’accélérateur aux innovations.
Protéger et valoriser les résultats de la R&I
|
- Une douzaine d’applications digitales et autres outils numériques ont été développés, pour des usages très divers : améliorer l’accès aux marchés des produits agricoles ou aux financements, mieux détecter et gérer les ravageurs et plantes invasives, cartographier les sols, commercialiser des phyto-médicaments, etc. Elles pourraient être adaptées et répliquées dans d’autres pays et régions ACP.
- 50 innovations sont en cours de brevetage auprès de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle.
Les mois à venir vont permettre d’engranger d’autres résultats, de la part des projets déjà très actifs (ex. création de nouveaux brevets et d’entreprises, de start-ups ou de prestataires de services générant des emplois directs, etc.), mais aussi de ceux qui ont démarré plus tard. Le programme compte favoriser la coopération régionale et même internationale entre les acteurs de la R&I et les projets travaillant sur les mêmes thématiques, et renforcer les partenariats public-privé, afin d’accélérer les transferts de technologies et de compétences, de mettre en place des écosystèmes de R&I inclusifs et performants, et des dispositifs pérennes de valorisation des résultats de la R&I.